Je vous parle beaucoup de mon actualité ou de ma passion pour les pierres fines. Je voudrais aujourd’hui vous présenter la peinture préraphaélite, qui m’inspire beaucoup également, dont vous reconnaitrez certainement quelques noms bien connus, tout comme Dante Gabriel Rossetti, John Everett Millais ou encore William Holman Hunt, pour ne citer qu’eux. Et si vous ne connaissez pas ces noms, je suis sûre que vous avez dû croiser leurs œuvres dans des musées, des livres, sur des cartes postales ou sur le net. Voici les grandes lignes retraçant la formation et les idées de cette confrérie qui a beaucoup apporté à la peinture.
Ce mouvement fût créé en 1848 de la rencontre entre William Hunt, Dante Gabriel Rossetti et John Everett Millais à la Royal Academy of Arts (Beaux-arts de Londres). Il était composé de 7 personnes (peintres, poètes, critiques, sculpteurs) : William Holman Hunt, John Everett Millais, Dante Gabriel Rossetti (peintres), puis, William Rossetti (secrétaire et porte parole du mouvement), James Collinson (peintre), Thomas Woolner (sculpteur et poète), Frédéric Georges Stephens (peintre, modèle et critique d’art).
Pourquoi se sont-ils appelés la confrérie des préraphaélites (PRB : Préraphaélite Brotherhood)?
Tout simplement parce qu’ils aspiraient à retrouver la pureté artistique des peintres italiens, prédécesseurs de Raphaël et Michelangelo qui, lassés de l’art conventionnel, des banalités de son enseignement, de son inertie et de son manque d’intensité, qui aurait selon eux perdu son sens moral, se réunirent sous la forme de cette confrérie afin de défendre leurs idées.
4 idées fondamentales étaient déclarées :
– Exprimer des idées originales, non académiques, en opposition avec la rigidité Victorienne, des objectifs nouveaux,
– Etudier la nature attentivement afin de savoir comment la représenter et l’exprimer artistiquement,
– Etre ouvert et retrouver la liaison directe, sérieuse avec les œuvres artistiques produites précédemment, leur intensité dans les sentiments, en excluant ce qui est conventionnel, relevant de la parodie et de l’application machinale de l’apprentissage scolaire. Retrouver un sens moral dans la peinture,
– Le plus important de toutes ces recommandations : produire des peintures ou statues d’une grande beauté.
Bien sûr, ces idées étaient une ligne directrice non dogmatique car le mouvement souhaitait engager la responsabilité de chacun en exprimant ces propres idées et ses propres méthodes de peintures.
Leurs sujets de prédilection étaient les thèmes bibliques, historiques, le Moyen-âge (fascinant pour sa spiritualité, son intégrité), thèmes liés à la littérature et à la poésie (Shakespeare, Keats, Browning…). Ils dépeignaient un univers imaginaire tout en voulant le dépeindre de façon très réaliste. Rossetti voulait développer le lien entre l’art et la poésie romantique. On y retrouve beaucoup de portrait de femmes très sensuelles et la nature comme thèmes centraux.
Ils signaient leurs œuvres avec ces lettres PRB.
Ces artistes voulaient s’adresser à toutes les facultés des hommes (esprit, intelligence, mémoire, conscience, cœur, sensibilité…) en créant des œuvres à l’esthétisme recherché, fort de sens. Ils privilégiaient le sens du détail, l’intensité des couleurs, leur luminosité, les compositions élaborées, le réalisme des peintures de 1400 (brillance des couleurs) et de la peinture Flamande.
Il va de soi que ce mouvement était contestataire et n’était donc pas approuvé par la Royal Academy. Ils étaient critiqués pour leur style (leur perspective non conventionnelle, leur minutie, leur jeux d’ombres et de lumières…). Malgré cela, un succès important fût remporté par ces peintres de grand talent.
Il s’agit en effet d’un mouvement d’avant-garde dans l’art. Ils ont développé certaines techniques de peintures, donnant de la transparence et de la clarté en utilisant un support blanc humide couvert de fines couches de couleur à l’aide d’un pinceau pour obtenir une plus grande luminosité, contrairement à cette époque où était utilisé un fini bitumeux donnant des zones d’ombres épaisses et sombres, technique qui déplaisait aux préraphaélites.
Ils peignaient aussi leurs fonds en extérieur, observait la nature directement, pour en capter tous les détails et la réalité, puis en rajoutant les personnages ensuite en atelier.
Leurs œuvres étaient controversées car les détails étaient considérés comme donnant de la laideur à la peinture, étant agressifs pour l’œil, et trop de poses médiévales étaient mises en évidence.
Les Préraphaélites publièrent également un périodique, The Germ (1850), afin de promouvoir leurs idées, des poésies de Rossetti, Woolner et Collinson, des essais sur l’art et la littérature associés à la confrérie.
Les Préraphaélites ont découvert le fondement même de leurs principes dans la publication « Peintres Modernes » en 1846, de John Ruskin, où il exalte la simplicité, la beauté et la vérité de l’art originel italien en donnant ce conseil : » en ne rejetant rien, en ne sélectionnant rien, en ne méprisant rien, en croyant que toutes choses sont bonnes et justes, et en puisant sa joie dans la vérité « .
Ruskin, critique qui partageait donc leurs idées et qui aimait la dévotion des Préraphaélites à la nature et leur rejet des méthodes conventionnelles, les a notamment soutenus en prenant leur défense dans des lettres au Times ou un pamphlet intitulé « Pre-Raphaelitism » en 1851. Il fût également leur mécène et conseillait les acheteurs de la société britannique.
Le mouvement fût de courte durée (commença à se désintégrer en 1854) Il y eu une seconde génération de la confrérie après sa dissolution en 1855 autour de Rossetti et William Morris qui respectait moins scrupuleusement les préceptes de la première confrérie, dans sa représentation fidèle de la nature.
Beaucoup de ces peintres furent photographié par Julia Margaret Cameron, figure emblématique de la photographie et de la photographie dites préraphaélite qui s’inspirait de leurs peintures. Ce mouvement a influencé beaucoup d’autres peintres qui ont été associé à la période préraphaélite (John William Waterhouse par exemple), des designers d’intérieur, d’autres arts, des mouvements symbolistes, Tolkien.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet : l’histoire de ce mouvement, l’histoire de chacun de ces peintres, le lien qui existait entre chacun d’eux, l’étude de leurs peintures riches de symbolique.
Noms des œuvres :
Dante Gabriel Rossetti – Proserpine (1874)
Dante Gabriel Rossetti – La Ghirlandata (1873)
John William Waterhouse – Boreas (1903)
John Everett Millais – Ophelia (1851)