Le règne de Victoria fût long et marqué par une très longue période de deuil dû d’une part au décès de sa mère en 1861 et au décès du roi Albert, son mari, plus tard cette année. Ce deuil a influencé de façon considérable les bijoux anglais : en effet, les designs deviennent plus austères, ils sont rehaussés de diamants symbolisant les larmes, de marcassites à la couleur grise, d’onyx noir, de jais, d’améthystes au violet profond, de grenats au rouge sombre. Les thèmes victoriens romantiques deviennent plus sombres.
On retrouvera une particularité du bijou victorien dans le bijou de deuil : non seulement l’email noir, le jais, l’onyx ont été très demandé à la fin du 19ème, mais les bijoux étaient aussi faits de cheveux des défunts afin de perpétuer la mémoire des êtres chers. Des cheveux étaient emprisonnés dans un pendentif ou entrelacés dans des pièces de bijouterie par les bijoutiers.
Cette période s’appelle la « grande période » car elle coïncide avec la grande utilisation de pierres fines et précieuses, une plus grande utilisation de métaux précieux comme l’or. La découverte de nouvelles mines d’argent en 1870 a favorisé l’expansion du bijou en argent. Cette période coïncide également avec la production de masse de la bijouterie. Le bijou devient plus accessible et en découle également une baisse dans la qualité. Une rébellion des riches femmes victoriennes a eu lieu lorsqu’elles s’aperçurent de cette baisse de qualité due à la production des bijoux par des machines pour une majeure partie. En signe de contestation, elles allaient plutôt se faire faire des bijoux chez les bijoutiers.
Certaines données historiques très importantes ont également marqué le monde de la bijouterie car elles ont favorisé le retour de certaines inspirations et designs :
– La construction du canal de suez en 1859 : c’est un événement majeur que l’on retrouve dans tous les journaux. On découvre d’anciennes civilisations et de tombes (Egyptienne, étrusque) ce qui a influencé les créateurs de bijoux, les architectes et les artistes : fleur de lotus, bague avec véritable scarabée ou scarabée gravé dans une pierre, retour des bijoux d’inspiration égyptienne avec gravures de hiéroglyphes.
– L’ouverture des relations de commerce avec le japon en 1853 : l’art des artisans japonais est incorporé dans les bijoux anglais, les vêtements, les peintures, les arts décoratifs, l’architecture. On y retrouve aussi une inspiration naturaliste (dragons, insectes) et des techniques particulières du travail du métal provenant de ce pays.
– Victoria est couronnées impératrice des indes en 1876 : cet évènement encourage le commerce entre l’Angleterre et les indes. La profusion d’import indous (bois exotiques, soies colorées, pièces d’email, …) se retrouve dans l’art du bijou.
– A cette époque, certaines familles voyageaient à travers toute l’Europe (appelé le grand tour) : en visitant les grands sites, ils achetaient des souvenirs (camées de Naples, mosaïques de l’atelier du Vatican, scènes ou ruines de monuments (le colisée) ou thèmes mythologiques (Diane, psyché), figures historiques (césar, Magellan) et les ramenaient chez eux pour les faire monter en bijoux.
Nous aborderons dans l’article sur les bijoux Victoriens 3ème partie, la période dite Esthétique (1880-1901), où le bijou redevient plus romantique et lumineux après une longue période d’austérité.
Crédits photos :
Victoria and Albert Museum : Collier en Jais sculpté -1875)
Victoria and Albert Museum : Bijou en or et fait de cheveux entrelacés (1842)
Victoria and Albert Museum : boucles d’oreilles en jais (1870)